15/12/2018

Monsieur le député/Madame la députée,

La France traverse l’une des crises les plus graves de son histoire récente.

Au-delà des revendications, très légitimes, pour le pouvoir d’achat et l’égalité, cette crise d’une nature inédite, par sa durée, son intensité et sa forme—sans représentants officiels, sans mots d’ordre estampillés, sans autorisations ni points de rassemblement fixes, avec un usage tout particulier des réseaux sociaux—révèle un essoufflement de nos institutions.

Un essoufflement, qui, à terme, pourrait leur être fatal.

Non seulement cette crise a manifestement été générée par l’exercice solitaire du pouvoir présidentiel, qui est de l’essence de la cinquième République, mais sa probable perpétuation, sous une forme ou une autre, démontre l’incapacité d’un pouvoir centralisé à y mettre durablement fin — fît-il usage des corps intermédiaires, violemment rejetés par les manifestants comme émanation d’une représentativité qui les a trop trahis, à leurs yeux.

Décidées unilatéralement par le président de la République, les mesures annoncées ne satisfont pas les attentes des manifestants ni des Français, qui, dans leur majorité, soutiennent encore les « gilets jaunes », ou du moins le ras-le-bol général qui les inspire ultimement.

Ces mesures prises dans l’urgence et souverainement par un seul homme placent de plus la majorité, et même le gouvernement, dans l’embarras de savoir comment les traduire en actes, voire même si elles le sont compte-tenu des engagements pris par ailleurs.

Dans une République moderne, à l’histoire politique telle que la France, une telle situation ne plus perdurer, où un seul décide pour 67 millions de femmes, d’hommes et d’enfants, y compris sans en référer à son entourage politique—sans même parler des contre-pouvoirs, réduits à néant dans la mandature actuelle.

Le principe seul de démocratie suffirait à critiquer cet état de choses. La situation périlleuse dans laquelle se trouve notre pays fait d’une telle critique un impératif qu’on n’hésite presque pas à qualifier de moral.

Comme beaucoup de citoyennes et citoyens, et comme beaucoup de mouvements politiques non traditionnels, nous voulons l’instauration de mesures visant à démocratiser la prise de décision dans notre pays.

Au rang de celles-ci figure le référendum d’initiative citoyenne, dans sa version la plus conforme à l’idéal de souveraineté populaire qui l’inspire, à savoir donnant aux citoyennes et citoyens la possibilité de formuler une proposition débattue par l’ensemble du pays et votée ensuite au suffrage universel.

Il ne s’agit pas de mettre fin au Parlement, mais bien de compléter l’expression démocratique nationale, comme cela se fait dans des pays comme la Suisse ou 37 des 50 états américains, notamment en Californie, où ce dispositif donne des résultats dont la France serait bien avisée de s’inspirer.

Nous plaçons en copie de ce courrier un Argumentaire sur le Référendum d’initiative citoyenne, de plus en plus portée par les Françaises et les Français, qui, dans leur immense majorité, y sont favorables.

Avec nos respectueux hommages, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Député / Madame la Députée, l’expression de notre considération la plus distinguée.

Les membres d’A nous la démocratie !

Un commentaire sur « Lettre à nos députés sur l’urgence du referendum d’initiative citoyenne »

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