Sous le choc, nous le sommes tous après les évènements tragiques qui ont frappé Manchester. Bien évidemment nous souhaitons tous que cela ne se reproduise pas. Bien évidemment, nous souhaitons tous que les moyens nécessaires soient mis en place pour prévenir une nouvelle tragédie.

Alors même que de nombreuses personnalités, dont de nombreux juristes1, se mobilisent pour mettre fin à la situation d’état d’urgence, d’une part parce qu’il n’est pas souhaitable qu’un tel état d’exception se normalise, d’autre part parce que des outils juridiques existent déjà pour mener une action anti-terroriste efficace, le gouvernement envisage de prolonger une nouvelle fois cette situation exceptionnelle. Comme le souligne le rapport parlementaire du 6 décembre 20162, l’efficacité de ces mesures n’est pourtant pas prouvée : « vos Rapporteurs ont eu l’occasion de rappeler que les affaires les plus médiatisées menées contre les réseaux terroristes, à Saint-Denis le 18 novembre 2015 ou encore à Boulogne et Argenteuil en mars 2016, étaient exclusivement le fruit d’enquêtes et de procédures judiciaires et il en va de même de l’arrestation de plusieurs personnes à Marseille et Strasbourg dans le cadre d’une opération conduite par la DGSI les 19 et 20 novembre 2016 ».

Sans vouloir tomber dans un état de psychose avancée, il est nécessaire de rester prudent. L’état d’urgence a été dévoyé par les autorités3. Rappelons-nous les perquisitions administratives qui ont frappé des militants écologistes4. Rappelons-nous les perquisitions administratives qui ont frappé des familles paisibles5. Et posons-nous la question si cette situation d’état d’urgence est aussi nécessaire que ce que les autorités veulent bien nous le faire croire. A travers l’annonce du recours aux ordonnances, la réforme au forceps de la loi travail qui s’annonce va probablement être à l’origine d’une grogne digne de celle suscitée par la Loi El Khomri et d’une opposition massive. Qu’en sera-t-il de l’état d’urgence ? Restera-t-il un outil à vocation anti-terroriste ou deviendra-t-il un outil pour museler les leaders de l’opposition, notamment l’opposition populaire et citoyenne ?

Sans penser que la possibilité d’interdire les manifestations soit une perspective viable pour le gouvernement, il nous faut mesurer la portée que pourrait avoir le renouvellement de l’état d’urgence sur le débat « démocratique » qui s’engagera autour du contenu de la future loi travail.

Mikaël Akimowicz, sympathisant d’A Nous La Démocratie!

Un commentaire sur « L’état d’urgence permettrait-il de faire taire les oppositions politiques ? »

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